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Le bivouac

Le bivouac "Albert", sis glacier du Tour
Le bivouac "Albert", sis glacier du Tour

En contrebas de la face sud de la Barre des Ecrins et du Fifre
En contrebas de la face sud de la Barre des Ecrins et du Fifre

Pratique d'origine militaire, le bivouac était tenu en grande estime par Jules César (Guerre des Gaules, 52 avant), ce qui n'est pas la moindre des références. Il fait, aujourd'hui encore, partie des techniques d'aguerrissement utilisées dans cet art martial occidental qu'est le close-combat. En montagne, c'est parfois la seule solution pour s'approcher suffisamment près de son objectif, mais, obligatoire ou pas, au début d'une nouvelle saison d'alpinisme, il est toujours une excellente manière pour le citadin engoncé dans son embourgeoisement de se remettre dans ses chaussures de montagnard.

 

Allongé dans une tente, c'est un camping. Plus ou moins assis sur une vire étroite, logé dans un sac poubelle de 150 litres (sans sac de couchage) et sur un rectangle de matelas de la longueur du dos, c'est l'option plus radicale quand il faut ensuite porter son bivouac dans l'escalade. Tous les compromis sont possibles… Ne pas oublier de relever au moment de la confection du sac à dos l'isotherme 0° afin de concilier au mieux le poids léger (doudoune ou pas doudoune?) et la température de la nuit future.

Ici, nous avions dressé la tente sur la glace nettoyée de ses cailloux, au pied du pilier Frendo de l'aiguille du Midi, en août 2013:

Personnages de Maurice Millière (1871-1946) et Georges Léonnec (1881-1940)

Collection Jaquet - Gallica.bnf.fr


Bivouaquer la veille de la course, avec ou sans tente, plutôt que dormir en refuge, offre ainsi un indéniable intérêt psychologique. Mais la liste des avantages plus prosaïques est également longue. En voici un florilège:

 

1/ S'approcher davantage de l'objectif, ce qui réduit la marche d'approche du lendemain.

2/ Mieux percevoir la température et donc mieux savoir quels vêtements emporter dans la course.

3/ Endurer le froid.

4/ Savoir protéger un réchaud du vent.

5/ Utiliser des toilettes propres, et comble du luxe, à usage unique.

6/ Dormir dans un couchage propre.

7/ Respirer facilement pendant la nuit un air sans poussière.

8/ Dormir dans le silence, sans ronflements intempestifs.

9/ Ne pas avoir trop chaud pendant la nuit.

10/ Ne pas revenir de course avec une infection ORL.

11/ Economiser son argent.

12/ Ne pas souffrir un repas commun où rivalise la hâblerie des uns avec la componction des autres sur fond de convenances empruntées ayant peu de choses à voir avec la politesse.

13/ Bénéficier d'un camp de repli proche en cas de retour tardif.

14/ Pouvoir se laver nu sans spectateurs.

15/ Pouvoir se réveiller à l'heure voulue sans empoignade avec un gardien sybarite.

16/ Pouvoir se coucher tôt sans les éclats de rire de l'agaçante sauterie.

17/ Etudier facilement le début de l'itinéraire qu'on a sous les yeux.

18/ Ne pas se faire voler ses chaussures...

19/ Ne pas se faire voler la vis de réglage de ses crampons…

 

Quant aux inconvénients, ils sont inexistants puisque porter un peu plus est bien sûr un avantage qui rend plus fort…

Si la course est en traversée (descente sur un autre versant), on laisse le bivouac roulé sous un rocher, caché par des pierres, et on vient le rechercher les jours suivants pour une belle randonnée de plus.


La randonnée, la vraie, celle avec des nuits sous tente, est une bonne préparation à la haute-montagne: